Odile, patronne de l’Alsace

OdileDe sainte Odile, patronne de l’Alsace depuis 1807, pour les catholiques du moins, nous ne savons finalement pas grand chose. Nous avons toujours un peu de mal à démêler l’écheveau de la légende de celle de l’ histoire.  La vie de sainte Odile, à la quelle tout le monde se réfère, a été composée aux alentours de l’an 900, soit plus de deux siècles après les événements. Tout n’y est pas faux, loin de là. A côté d’éléments légendaires et de traits hagiographiques, qu’avec un peu de pratique on finit par repérer, restent les traces authentiques d’une tradition orale demeurée vivace parmi la communauté des moniales fondée par la sainte.
On connait (un peu) l’histoire. Née aveugle, Odile aurait suscité la colère de son père Etichon ou Adalric, duc d’Alsace en 673 et fut confiée à une nourrice qui la cacha dans un monastère du nom de Palma ou Balma. Elle serait née vers 660 au château de Hohenbourg (futur mont Sainte-Odile). Le mystérieux monastère est-il situé à Baume-les-dames ( Doubs) comme on le prétend parfois ?  Toujours est-il qu’elle y aurait recouvré la vue, lors de son baptême. Devenue « Vierge du christ »,  elle embrassa la profession religieuse, précédé du noviciat monastique et devint abbesse de l’abbaye de Hohenbourg que son père, réconcilié et pardonné, fonda pour elle.  Elle était devenue la mère spirituelle d’environ 130 moniales. Son rayonnement attira de nombreux disciples et pèlerins. Pour accueillir les hôtes, les pauvres et les malades, et leur éviter la pénible grimpée vers le monastère  castral, elle fit construire, dans le creux de la vallée, l’Inferior ou Niedermünster.
La communauté primitive des moniales était d’observance irlandaise. Elle se rattachait au mouvement du moine irlandais Colomban, diffusé à partir des abbayes de Luxeuil et de Remiremont. La règle qu’on y observait devait autant à Colomban qu’à celle de saint Benoit : un mélange d’austérité ascétique et de spiritualité, une attention de tous les instants aux pèlerins et aux déshérités. Un petit groupe de moines et de prêtres vivait à proximité du couvent. Il était associé à la laus perennis, cette prière perpétuelle de l’office choral qui constituait le coeur de la vie monastique : les soeurs se relayaient sans cesse pour chanter les psaumes.
Odile mourut vers 720. La rédaction de la Vie la fit naître une seconde fois. La légende compléta l’humble biographie. Leon IX, pape alsacien la vénérait. Une litanie du IXe la considérait déjà comme sainte. Elle n’a cessé depuis lors, et jusqu’aux périodes les plus récentes, de focaliser toutes les aspirations de la province : politiques, culturelles et religieuses.

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