Humanisten edieren

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Humanisten edieren. Gelehrte Praxis im Südwesten in Renaissance und Gegenwart. Herausgegegeben von Sabine Holtz, Albert Schirrmeister und Stefan Schlelein, Stuttgart, 2014, 277p.

Cette nouvelle publication de la Commission d’histoire du Bade Wurtemberg ( Kommission für geschichtliche Landeskunde in Baden-Würtemberg ) pose de façon très originale la question de l’édition aussi bien ancienne que contemporaine en confrontant la pratique éditoriale au temps des humanistes de la Renaissance de l’Allemagne du sud-ouest à celle de la recherche contemporaine dédiée aux humanistes notamment. Il ne s’agit pas, en l’occurrence, d’une étude de synthèse mais d’un recueil d’actes d’un colloque organisé en janvier 2010 pour le 70e anniversaire du professeur Dieter Mertens, de l’Université de Fribourg en Brisgau, un des éminents Humanismusforscher, particulièrement apprécié en Alsace pour la publication de la correspondance de Jacques Wimpfeling, dont il est le grand spécialiste, et plus généralement pour sa parfaite connaissance du monde humaniste régional. Une dizaine de chercheurs avaient participé à cet hommage mérité.

Humanistes de la Renaissance et chercheurs contemporains, qui nous aident à découvrir ces derniers, ont bénéficié tous deux d’une révolution fondamentale de leur support de communication : l’imprimerie pour les premiers, le numérique pour les seconds. Ces bouleversements ont été des auxiliaires précieux dans leur volonté de faire connaitre des auteurs et textes de leur choix. De leur choix justement, car que recouvre la volonté et l’acte d’éditer hier comme aujourd’hui ? Pourquoi, pour qui éditons-nous ? Quels sont les textes, parmi la multitude, que nous conservons ? Quels sont les critères de choix que nous retenons ? Qui participe à l’ aventure éditoriale ? Quels intérêts personnels ou collectifs défendent-ils ? Quels sont les moyens techniques appropriés aux chercheurs, aux éditeurs comme aux lecteurs ? Ce travail de réflexion sur la nature et la philosophie même de l’édition est largement étayé par les différentes contributions. Quelques exemples parmi d’autres : Beatus Rhenanus qui « instrumentalise » l’auteur qu’il choisit de publier, en l’occurrence Tertullien, dans son engagement pour réformer l’église et qui se met en scène dans les trois éditions successives de cet auteur en 1521,1529et 1538 (article de Ronny Kaiser) ; Melanchton qui entre dans la carrière éditoriale par l’imprimerie (article de la regrettée Sönke Lorenz), et l’édition comme moyen de construire un mythe (Paracelse) ou déconstruire un autre (la Sybille) qu’illustre l’excellent article de Wilhelm Kühlmann : Die Edition als Kulturpolitische Tat-Paradigmen des Oberrheinischen Humanismus.

Cette journée fut aussi l’occasion de proposer quelques nouveaux projets éditoriaux, réalisations à venir, en s’interrogeant sur la pertinence du support à retenir : ouvrage imprimé ou restitution numérique ? Autant la numérisation de la Weltchronik de Schedel semble aller de soi, autant elle ne s’impose pas nécessairement pour les œuvres en latin de Martin Opitz, par exemple, qui s’accompagne d’un travail méticuleux décrit avec précision par Veronika Marschall. Tant il est vrai que l’immense, rigoureux et savant travail qui entoure l’édition scientifique d’un texte ou d’un auteur ne saurait se cantonner à la simple culture automatisée de la reproduction.

Gabriel Braeuner, été 2015, recension pour la Revue d’Alsace 2015

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