Albert Schweitzer (1875-1965) est l’Alsacien le plus célèbre dans le monde. Il est aussi l’un des Français les plus connus aux quatre coins de la planète. Pourtant, nos compatriotes l’ont pris longtemps pour un Allemand. Il est vrai qu’il était né dans le Reichsland, y avait grandi et étudié. Il fallut un Prix Nobel tardif, en 1953, pour que la France l’adoptât. Schweitzer avait 78 ans, il avait été prophète ailleurs que dans son pays.
Les étapes des riches heures de sa vie sont connues : une enfance heureuse à Gunsbach, non loin de Munster, où son père était pasteur. De solides études de théologie et de philosophie à Strasbourg, à partir de 1893, avec la musique comme compagne fidèle. Après une thèse de théologie, soutenue en 1903, une brillante carrière lui est promise à laquelle fait écho une vocation de missionnaire (1904). Il présente sa candidature à la Mission de Paris qui la rejette. Il sera donc « docteur», entame des études de médecine qu’il achève en 1912. L’année suivante, il est en route pour Lambaréné (Gabon) où il bâtit l’oeuvre de sa vie : le fameux hôpital de brousse, autant célébré que décrié.
Schweitzer alterne les séjours en Afrique et en Europe où il collecte des fonds grâce à de nombreux concerts et conférences. L’Amérique, qui a soutenu son hôpital pendant la guerre, va s’enticher de lui. Il connaît une gloire universelle. Il profite de sa notoriété pour délivrer son message de paix et dénoncer la course à l’armement atomique ; ce qui lui vaudra autant de soutiens que de détracteurs : nous sommes alors en pleine guerre froide.
La philosophie d’Albert Schweitzer, forte et originale, était basée sur le concept du respect de la vie (Ehrfurcht vor dem Leben). Elle s’était nourrie aux sources des grands penseurs de l’Inde qu’il contribua à faire découvrir en Europe. Ses travaux théologiques ne sont pas moins pionniers. Ses études sur la vie du Christ et sur l’apôtre Paul ont marqué leur époque.