Chrétien Frédéric Pfeffel, était né en 1726 et avait dix ans de plus que Théophile Conrad, le futur poète dont il fut le seul frère, aîné et aimé. Comme son père, Jean Conrad (1682-1738) il fut jurisconsulte et diplomate. Comme son frère, il taquina la plume. Ce juriste se révéla être un excellent historien.
Dans sa jeunesse, alors qu’il faisait des études de droit à l’Université de Strasbourg, il avait secondé son maître Jean Daniel Schoepflin dans la rédaction de l’Alsatia Illustrata. Plus tard, en 1754, alors qu’il avait choisi la carrière diplomatique, il avait achevé un Abrégé chronologique de l’histoire et du droit public en Allemagne. L’ouvrage fit autorité et connut quelques rééditions. Il venait à son heure et avait l’immense mérite de « débrouiller le chaos d’une législation extrêmement compliquée ».
Il contribua dans son domaine à mieux faire connaître l’Allemagne. Tout comme son cadet, il fut un médiateur entre deux cultures et deux systèmes juridiques et politiques. Ce citoyen du royaume de France avait servi le roi et quelques cours étrangères. Un diplomate français pouvait alors servir l’étranger à condition qu’il ne fût pas en guerre contre la France. Il avait pu ainsi entrer au service de la cour de Saxe et, plus tard, du duché de Deux-Ponts. On le retrouvait périodiquement à Versailles, où il avait fini par s’établir en 1772.
Chrétien Frédéric y avait été appelé dès 1768 comme jurisconsulte du roi par Choiseul pour étudier les droits de la France sur Avignon. En 1774, il fut nommé principal commis aux Affaires étrangères. Il multiplia les missions franco-allemandes jusqu’à la chute de la royauté.
On le revit alors auprès du duc de Deux-Ponts qui lui avait octroyé le fief de Weidenthal. Il figura sur la liste des émigrés et perdit ses propriétés en Alsace, à Fortschwihr et à Andolsheim. Retiré à Mannheim, il ne rentra en France qu’en 1801, grâce à son frère et au baron de Gérando, le mari d’Annette de Rathsamhausen, pour reprendre du service auprès de Talleyrand. En 1803, Napoléon lui confia une dernière mission relative au règlement de l’octroi de la navigation rhénane. Il s’en acquitta avec zèle jusqu’à sa mort à Paris, le 21 mars 1807.
GB 2006
Braeuner (Gabriel), N.D.B.A., p.2982-2983.
Braeuner (Gabriel), Pfeffel l’Européen, Strasbourg, 1994.
Henri-Robert (Jacques), Chrétien Frédéric Pfeffel, Stettmeistre de Colmar, jurisconsulte et diplomate de Louis XV à Napoléon, Annuaire de Colmar, 1978, p. 69-74.