Le monde de l’histoire est en deuil. Une fois de plus. Après Christian Wilsdorf, il y a un an, Francis Rapp, il y a deux mois, c’est autour de Marcel Thomann de prendre congé de nous, à 96 ans. C’est une page qui se tourne, une génération d’historiens talentueux, nos aînés, qui viennent de se retirer. Marcel Thomann a été un remarquable historien du droit, un connaisseur rare de nos institutions et de leurs évolutions. Il fut le très entreprenant et efficace président de la Fédération des Sociétés d’histoire et d’Archéologie d’Alsace de 1978 à 1993, la hissant au sommet et en en faisant un acteur incontournable de la vie publique et culturelle alsacienne. Il la professionnalisa, assura son indépendance et réussit à préserver ce subtil équilibre entre le monde de la recherche universitaire et celui des sociétés d’histoire particulièrement nombreuses en Alsace. Qui mieux que lui pouvait les représenter ? Ce remarquable spécialiste de Christian Wolff, philosophe, mathématicien et juriste allemand de la Frühaufklärung était aussi un militant associatif apprécié. Son engagement pour les orgues en général et pour celles de Marmoutier, en particulier étaient connus. Au sein de la « Fédé », il contribua à maintenir la revue d’Alsace à un exceptionnel niveau de rigueur et d’exigence scientifique et fut l’initiateur, l’animateur et l’âme de ce beau cadeau à l’histoire d’Alsace qu’est le Nouveau Dictionnaire de Biographie Alsacienne (N.D.B.A.), si utile, si précieux aux chercheurs et à tous les amateurs de l’histoire de notre région.