Que serait Colmar sans les dominicains ? Son origine est quasi constitutive de leur histoire. Colmar devint ville impériale sous l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen entre 1215 et 1220. Ici, les dominicaines ont précédé les dominicains. Celles du couvent d’Unterlinden se sont installées dans la première moitié du XIIIe siècle. Les frères ont suivi. Leur contribution commune à l’histoire intellectuelle et spirituelle de l’Alsace est essentielle. Les frères ont été les pères de l’historiographie régionale par les Annales et la Chronique des dominicains de Colmar, écrites par frère Jean (1221-1301) qui officia à Bâle puis à Colmar. Cette dernière dispose aujourd’hui, à travers l’église des dominicains, de l’un des joyaux de l’architecture des ordres mendiants du Rhin supérieur. Le musée d’Unterlinden, qui abrite le fameux retable d’Issenheim, chef-d’oeuvre de Mathias Grünewald (XVIes.), s’est prolongé et développé dans le couvent des dominicaines, haut lieu de la mystique rhénane grâce à quelques femmes remarquables et érudites au XIV et XVe siècle. A l’ombre d’Unterlinden, voici les dominicaines du couvent de sainte Catherine, moins connues mais non moins actives à Colmar. C’est enfin, grâce à l’ordre des frères prêcheurs, que Colmar acquit une notoriété européenne en 1389 quand elle devint le point de départ de la réforme de la stricte observance au sein de la province de Teutonie qui s’étendit à l’Autriche, à la Suisse alémanique et au nord de l’Europe jusqu’aux Flandres. L’héritage dominicain est assurément riche dans la cité de Bartholdi qui ne saurait être absente de la célébration de la naissance de l’ordre de saint Dominique.
Gabriel Braeuner, printemps 2015, à l’occasion de la célébration de la naissance de l’ordre des Dominicains